dimanche 4 octobre 2009

Monde clos

J'évolue dans un monde fermé ! C'est d'ailleurs horrible par moment de s'apercevoir que l'on gravite dans un microcosme et que l'on connait tout le monde, ou que l'on connait des gens qui connaissent tout le monde. Pire étant de s'apercevoir que l'on rencontre des personnes qui ont les mêmes amis, les mêmes exes, sans pour autant s'être jamais croisée auparavant...

Du coup, vient avec joie et bonheur (et ironie) le temps des rumeurs, des infos, de la communication dans tous les sens. Tout le monde sait tout sur tout le monde et tout le monde le répète à qui veut bien l'entendre ! Moi qui ai une frénésie de contrôle, je dois admettre que c'est plaisant de savoir que quoiqu'il arrive, tout finira par me revenir et que mon fantasme d'omniscience est presque réalisé. Et en même temps, c'est toujours hyper douloureux de découvrir des vérités ou des infos par des tiers.

Mais le plus chiant, en réalité, c'est que où que j'aille, quoique je fasse, je trimbalerai toujours mes casseroles, mes histoires, ma vie et que rien ne pourra jamais être vierge !

Toute mon enfance, j'ai maudis ces gens qui savaient qui j'étais, d'où je venais et quelle était mon histoire. J'ai maudis ma différence qui m'obligeait à assumer des événements dont je n'étais pas responsable et qui faisait les gorges chaudes de la ville. J'ai voulu être invisible, n'être personne, comme n'importe qui. Et on finit par tirer un peu de force, même du pire, et aujourd'hui, c'est exactement le même combat ! Sauf que je ne veux plus être invisible parce que je me fous de ce que disent ou pensent les gens (ou presque) et qu'au contraire, je m'expose le plus possible pour qu'il n'y ait jamais à parler derrière mon dos puisque tout est officiel. Ce qu'il y a de plus intime est toujours entre moi et moi (et éventuellement entre moi et des gens de confiance)

La première fois que j'ai découvert le système des réseaux et des informations malveillantes, je devais avoir à peu près huit ans.
J'allais déjeuner chez mes grands parents (qui élevaient ma soeur ainée) une fois par trimestre en gros. Ma grand-mère faisait toujours de la super purée à se taper le cul par terre (et comme ma mère est une piètre cuisinière, forcément j'étais contente)... Donc, lorsque l'on me proposait de finir la casserole de purée, je disais toujours oui avec grand plaisir.
Et puis un jour, je ne sais trop comment ( ma mémoire est une pute), j'ai appris que ma soeur et ma grand-mère disaient à leur entourage que j'étais mal nourrie et que je me jetais sur la bouffe à limite ne pas leur en laisser... Le choc, le drame intérieur. Ce que je pensais être un plaisir pour ma grand-mère de me voir faire honneur à son repas était en fait une espère de honte qui venait s'abattre sur moi.
De ce jour là, je n'ai plus jamais fini la casserole de purée ni même repris une cuillère supplémentaire. Je n'ai plus jamais pris plaisir à manger sa purée et, par la même occasion, compris qu'il ne fallait rien attendre des apparences ! Comprendre ne veut pas forcément dire ne plus se faire avoir, mais j'ai au moins retenu qu'il est possible de se conditionner et de supprimer toute notion d'affect et de plaisir pour se préserver.
Je revois encore le jour où j'ai pris la décision de ne plus jamais leur donner le plaisir de parler de moi. Ma grand-mère m'a dit "mais tu n'en reveux pas ?" avec une tête de surprise. J'ai refusé poliment, savourant cette micro-victoire.. Micro-victoire qui a toujours été meilleure dans ma bouche que la purée ! Et puis, des purées, j'en ai mangé des meilleures par la suite !

Une bien belle anecdote, n'est ce pas ? Et on viendrait presqu'à se demander pourquoi j'en parle. Je ne sais pas en réalité. J'ai la sensation, en ce moment, que la purée est de retour et que tout ce que j'ai l'impression de prendre est un peu du vol, que je prive les autres en les obligeant à me donner, ce que je ne pense pas faire pourtant.

Je vais prendre des cours de cuisine, ce sera plus simple !


Aucun commentaire: