lundi 26 janvier 2009

Memoire

Rechercher un bouquin de recueil de poésie au fond de l'étagère, le genre de bouquin que l'on n'ouvre jamais, sauf le jour où on se rappelle de quelques vers se trouvant dans ce bouquin... (Et que non parfois, on n'a pas envie d'aller chercher sur google)

Retourner l'étagère et se prendre une dizaine de livres sur le coin de la tronche, juste parce que Murphy est un con.

Retrouver le livre et trouver à l'intérieur une carte postale de vacances... Le passé qui donne la nausée, les souvenirs qui remontent, indigestes... S'asseoir sur le bord du lit, relire encore et encore cette carte et essayer de remettre une date sur les écrits... Et puis finalement, se rendre compte qu'on s'en fout, vraiment !

Retrouver le poème à l'origine de tout cela, et vraiment, se dire que la mémoire est une salope !

J'ai tant rêvé de toi que tu perds ta réalité. Est-il encore temps d'atteindre ce corps vivant et de baiser sur cette bouche la naissance de la voix qui m'est chère? J'ai tant rêvé de toi que mes bras habitués en étreignant ton ombre à se croiser sur ma poitrine ne se plieraient pas au contour de ton corps, peut-être. Et que, devant l'apparence réelle de ce qui me hante et me gouverne depuis des jours et des années, je deviendrais une ombre sans doute. O balances sentimentales.
J'ai tant rêvé de toi qu'il n'est plus temps sans doute que je m'éveille.
Je dors debout, le corps exposé à toutes les apparences de la vie et de l'amour
et toi, la seule qui compte aujourd' hui pour moi, je pourrais moins toucher ton front et tes lèvres que les premières lèvres et le premier front venu.
J'ai tant rêvé de toi, tant marché, parlé, couché avec ton fantôme qu'il ne me
reste plus peut-être, et pourtant, qu'à être fantôme parmi les fantômes et plus
ombre cent fois que l'ombre qui se promène et se promènera allégrement sur le cadran solaire de ta vie.

(Robert Desnos)

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