Initiation à la vie

Suite à une déconnexion surprise (et à ma grande bétise de ne pas avoir vérifié avant de cliquer sur "publier le message"), mon post d'hier soir, dont j'étais plutôt fière, a disparu corps et codes...

Ce qui me pose problème, pour le coup, c'est de devoir réécrire, en version évidemment moins bonne, puisque sans l'inspiration de l'instant, un article sur quelque chose qui m'importe particulièrement... Je ferai au mieux, même si je sais d'avance, que je ne serai pas pleinement satisfaite ! That's my life !

Le lot des réveurs, des créatifs, des artistes et autres lunaires, est d'avoir de grands fantasmes de vie, à court, moyen ou long terme. Toute mon enfance a été bercé par mes envies de réaliser de grandes choses, de creer une oeuvre majeure qui marquerait les esprits, d'apporter ma pierre à un édifice que je trouvais déjà passablement mauvais. Ces rêves là ne s'effacent jamais tout à fait. Il reste, au fond, caché près d'une âme crépitante, des idéaux, des chimères et des utopies, qui prennent, avec le temps, moins de place face à une réalité et des problématiques de vie imposées et imposantes. Je suis loin de pouvoir prétendre à me détacher du matériel pour plonger dans les tréfonds de mes délires internes, et j'admire ceux qui le peuvent (ou qui ont trouvé un mécène - Et bien que je mentionne souvent des possibilités d'être "entretenue", mes principes m'empecheront toujours d'être à la merci de quelqu'un, quelque soit l'enjeu... Mais passons...)

Au fil du temps, j'ai fini par me faire une raison, ou du moins réaliser que peut-être, je ne produirai jamais un symphonie en trois mouvements aussi bons les uns que les autres, ni n'écrirai le roman qui changerait la vie de millers de personnes (Même si je reste convaincue que je pourrai détrôner la petite maison dans la prairie avec ma "téléfilm-de-vie", encore que les éditeurs me reprocheraient probablement le manque de crédibilité de certaines situations et je me vois tout à fait répondre "Croyez le ou non, ceci est bien réel"). Le fait est, que le temps passant, ma faculté d'introspection et de prise de recul sur les cycles de ma vie, ont changé progressivement ma vision d'une évidence de participation au monde qui m'entoure.

La constatation, qui n'aurait pas pu me frapper il y a quelques années, pour cause d'inexpérience évidente, est que chaque personne rencontrée et ayant "comptée", amicalement ou amoureusement, se sont inscrites dans une dynamique indiscutablement identifiable.

Pour vous situer un peu plus le fond de l'analyse, prenons un exemple simple et accessible.
Vous rencontrez une personne, qui a une relation totalement fusionnelle avec son chien (oui ca arrive...)... Evidemment, ca pose rapidement des problèmes, et même si vous aimez la personne, vous avez vraiment grand mal à accepter la situation. Du coup, vous rentrez dans une étape de réflexion sur la question, sur la place que vous avez, la place qu'a le chien, la place que l'on vous accorde, rien d'anormal... Seulement, la situation est "inacceptable" pour vous, à ce moment de votre vie. Et vous finissez par couper les ponts avec cette personne, parce que vous ne pouvez ni comprendre, ni accepter cet état de fait.
S'en suit donc (mais ce n'est pas toujours le cas, tout le monde ne se remet pas en question) de nouvelles réflexions sur le sujet, qui vous poussent à vous demander pourquoi vous avez eu autant de problèmes à trouver votre place et quelle peut être la vraie raison de vos angoisses...
Vous finissez, à terme, par vous rendre compte que c'était potentiellement acceptable, et que, si éventuellement, la situation venait à se reproduire, votre avancée personnelle permettra de donner une chance à une relation, dans les mêmes conditions.

Et la situation va se représenter... Et c'est là qu'est le point important ! Une sensation de champs lexicaux dans l'existence, de rencontrer des gens qui poussent à avancer, sans forcément en avoir conscience, et de remise en question en remise en question, on finit par être plus ouvert, et nettement meilleur... Et ce, sur des thêmes récurrents, comme inscrits quelque part en soi... Evidemment, l'exemple, un brin idiot, fonctionne pourtant avec n'importe quel cas (il ne s'agit pas uniquement de place dans la vie de l'autre mais peut aussi être lié à des convictions, encore que je doute sincèrement d'être capable de tomber amoureuse d'une personne de droite, cul béni et fan de tuning - Les trois cas sont dissociables!).

C'est le premier point, dans la notion de réception, du parcours initiatique, que je commence à entrevoir.

Le second point, qui, opposé tout en étant évidemment complémentaire, et le don.

Systématiquement, j'ai changé la vie des gens que j'ai rencontré, et parfois même, changé les gens. J'entre toujours à des carrefours potentiels, à des moments de troubles, à des instants de questionnement... Comme si je répondais à un besoin précis, que j'étais la main auquelle on s'accroche pour avancer, car, seule, cela serait impossible.
Sans forcément tomber dans une prétention quelconque, qui est bien loin de moi, et ce, avec tout le recul nécessaire, j'ai sincèrement la sensation d'être une transition dans mes relations, d'être cette passerelle d'une existence à une autre, d'apporter justement, cette pierre que je mentionnais plus haut, à des petits édifices, celui des individus. Malgré moi, et sans le désirer, je tombe toujours à une période charnière et de pousser l'autre à trouver sa voie, à justement progresser, vivre (enfin?) ce qui l'attend et ne plus repousser l'évidence.

Jusqu'alors, je n'ai pu qu'avoir la sensation transitionnelle puisqu'une fois la tâche effectuée, je suis toujours sortie de la vie de ces personnes, pour diverses raisons (jamais, je n'ai mis un terme moi-même, on me quitte comme si le maximum avait été tiré de moi et que la dynamique de mouvement prise, je n'étais alors qu'un poids mort !) et j'ai bien souvent des coups de colère sur l'injustice de ne pas profiter du fruit de mes efforts, qui pourtant n'était pas interessé.

C'est avec toutes ces réflexions, menées depuis une année environ, et qui sont loin d'être encore abouties, que je commence à réaliser que mon oeuvre, ma plus grande réussite, pourrait bien être simplement la capacité à faire grandir mon âme et aider les autres à en faire de même.

La première fois que ma chère et tendre m'a comparée au Trickster, j'ai réalisé que pousser les gens a toujours une connotation négative. Qu'à être, indéniablement, le fouteur de bordel, on finit par donner une image de soi passablement mauvaise. Et je crois que, tout comme Tricky, j'oscille entre mes parts positives et négatives, avec cette véritable notion d'évolution... Peut-être a t-elle touché du doigt, quelque chose qui n'est pas seulement une blague dans un contexte particulier. Sans parler, que, fatalement, être ainsi découverte par une âme que je reconnais comme étant un pendant de la mienne, remet sur le tapis beaucoup de réflexions.

Je ne suis pas un St-Bernard ni la succession de Mère Thérésa et je m'inquète parfois de n'être, ad vitam, que "la transition" et ne jamais pouvoir trouver ma place auprès de quelqu'un. Et l'espoir qui peut naitre de cette inquiétude est d'imaginer, qu'à terme, un jour, j'aurai atteint la maturité et la fin d'une progression qui permettra d'être heureuse, quelque soit la situation qui s'imposera à moi. Et, si je me fie aux rythmiques de ma vie, j'ai déjà quelques idées sur la question... Mais il est bien trop tôt pour en faire un choix de vie... En imaginant que j'ai la possibilité de choisir...

Ce monologue ne parlera peut-être à personne, mais j'apprécie de l'avoir envoyé à l'univers, même virtuel...

A growth of a soul is a stronger light to destroy shadows... Maybe !